Le premier mouvement de l’âme, sur le chemin de la Vie, est celui de la Nostalgie et nous allons l’explorer dans les lignes qui suivent.
Il nous faut cependant entrer dans un descriptif plus précis de la constitution réelle de l’être humain. Nous connaissons notre corps matériel, lequel est animé par une âme dont un des aspects est la conscience. Cette âme est façonnée par quatre grandes influences: notre karma, notre héritage sanguin – c’est-à-dire nos parents – nos expériences de vie et enfin notre éducation. Ces quatre facteurs constituent les limites qui marquent le territoire d’expression de notre âme. Elles sont, en quelque sorte, les quatre murs de notre prison dans laquelle la trajectoire de notre vie se déroule, de la naissance à la mort. Certes, nous pouvons essayer de repousser un mur ou l’autre, par exemple en explorant les vies antérieures pour décrypter notre héritage karmique, mais outre le haut risque d’une telle tentative, cela ne résoudra pas le problème de notre incarcération. Tout au plus aurons-nous décoré un des murs en nous donnant l’illusion d’avoir élargi notre espace de liberté. Admettons-le, même si c’est douloureux: les murs de notre prison sont infranchissables. Nous y sommes nés et nous y mourrons!
Alors faut-il se résigner et accepter ce statut d’éternels vagabonds dans un monde sans espoir?
Cela serait bien le cas si parfois, à certains moments de notre vie, lassés d’avoir décoré ou tenté d’escalader les murs de notre geôle, une interrogation, une fugitive nostalgie, que rien ni personne ne peuvent expliquer, ne surgissait avec une telle intensité que le trouble qui en résulte nous projette dans un insupportable mal-être.
Comment avons-nous réagi dans ces moments où nous étions si intimement troublés? Comment avons-nous réagi dans ces moments où nous avons reçu l’invitation à explorer ces territoires inconnus au cœur desquels est caché le mystère de la vie? Et bien, nous avons refusé cette invitation, nous avons chassé ce mal-être afin de retrouver notre équilibre, notre confort! Et pourtant, ce trouble est une grâce. Il est la signature que la source de la Vie est bien en nous, cachée au plus profond de notre coeur:
« Que celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve, Et quand il aura trouvé, il sera troublé »,
lisons-nous dans l’Évangile gnostique de Thomas.
Pouvons-nous cohabiter avec cette nostalgie, ce trouble? Une telle cohabitation est un exercice difficile, douloureux, car celle-ci nécessite de se maintenir dans un équilibre instable permanent: d’un côté notre cadre de vie bien établi et d’un autre une aspiration secrète à s’en échapper pour répondre à cette intuition profonde que la « Vérité est ailleurs ».
Nous voyons ici que ce mouvement de l’âme nous conduit à la découverte et à l’écoute d’un élément inconnu de la science actuelle, un élément pourtant si précieux que nombre d’écrits anciens y font référence comme la source de la Vie. La Source de la Vie, mais aussi l’origine de la Nostalgie, le foyer de l’Amour, le baume de la Guérison et les portes de l’infinie Liberté.
Cette source de la Vie, cette étincelle de lumière cachée au coeur de l’être est le plus haut mystère de la vie. Les anciens écrits gnostiques lui avaient donné le nom poétique de « goutte de Lumière ». A l’origine des temps, cette goutte de Lumière a perlé de l’océan de la plénitude originelle et depuis cet évènement, elle aspire inlassablement à réintégrer cette plénitude. À certains moments, cette aspiration se manifeste dans notre coeur comme une fugitive nostalgie, une prière secrète et sacrée qui nous supplie d’accorder un peu de notre attention à notre goutte de lumière, à la source de la Vie.